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Qu’est-ce qui facilite les apprentissages à l’école?

Bonjour à toutes et à tous. Une fois n’est pas coutume, cet article participe à l’évènement « Quel élève étiez-vous, qu’est ce qui aurait pu faciliter votre apprentissage à l’école ou à la maison ? Des blogueurs reviennent sur leurs souvenirs d’écolier » du blog des-outils-pour-apprendre.com/. J’apprécie me balader sur ce blog. Deux articles ont dernièrement retenu mon attention, vous les retrouverez ici et ici!

Qui suis-je?

Je suis enseignante depuis près de 15 ans, mais je n’oublie pas l’élève que j’ai été. Je pense que partager mon ressenti en tant qu’apprenant pourrait aider ceux d’entre vous qui doutent de leur potentiel.

Je suis née un 26 novembre. Peut-être n’est-ce pas la vraie raison, mais, dès l’école maternelle, on me dit que ce mois de l’année est responsable de mon manque de maturité intellectuelle. Je suis introvertie, j’éprouve beaucoup de difficultés à lire et à calculer, je déteste l’école. … Voilà mon portrait à l’aube de mes 10 ans.

Je suis née un 26 novembre, je suis titulaire d’une thèse en sciences physiques et je pars chaque matin, le cœur léger, enseigner la plus belle des sciences aux jeunes ados de mon lycée. Voilà qui je suis aujourd’hui.

Et entre les deux, que s’est-il passé ?

Mes années d’école

Comme je vous le disais, j’ai commencé dans le monde scolaire avec de grandes difficultés. Incapable d’apprendre au même rythme que les autres, on a envisagé de me faire recommencer une année de maternelle avant de me laisser entrer en primaire. Ce n’est donc pas des plus confiantes que j’ai démarré ma scolarité. Sans l’aide de ma mère et de mes sœurs ainées (des anges habitent ma maison), je n’aurais probablement jamais maitrisé la lecture. Quel gâchis quand on sait qu’un de mes plus grands plaisirs, est de lire ! Mais alors, quel élément déclencheur a pu me libérer de mes craintes ?

À l’école primaire, je me souviens des périodes d’évaluation durant lesquelles j’essayais de tricher sur ma voisine de classe. Je pleurais ensuite toute la récré parce que j’avais raté ! En réalité, mon travail ne se soldait pas toujours par un échec, mais par une cote tellement petite en comparaison du travail que j’avais investi… Ce scénario s’est répété de (trop) nombreuses fois. Mais un jour, mon institutrice a eu ces mots qui sont restés gravés en moi: « Tu vois qu’avoir confiance en soi donne de bons résultats ! ». Un ange passe… Me voilà libérée de mes angoisses et lancée sur le chemin de la connaissance. Je fais mon entrée dans le secondaire sans stress. Je fais soudainement partie des « bons élèves ». Il ne me manque qu’une carte : celle de l’audace ! Je ne parviens toujours pas à être sûre de moi. Il m’arrive souvent d’effacer la réponse qui est pourtant la bonne.

Je termine mes études secondaires avec brio, mais au moment de choisir mes études supérieures; je n’ose pas me décider. J’adore les cours de mathématique et de physique. Ce sont les seuls cours pendant lesquels je ne m’ennuie jamais. C’est donc tout naturellement, que le jour de la proclamation des résultats, à la question de mon professeur de sciences : « Et toi, Julie, que vas-tu faire l’année prochaine ? », je réponds : « Un bachelier en sciences physiques en Haute École ». Après une discussion avec ce professeur qui me rassure sur mes capacités ; j’ose une maitrise en sciences physiques à l’université. Pour la seconde fois en quelques années, un ange passe…

Me voilà donc à l’université… En dehors de la gestion de ma liberté qui n’est pas des plus réussies en première année, j’ai la chance de voir passer deux autres anges : deux amies de fac avec qui je passe de nombreuses heures à travailler ou à décompresser. Je termine ma maitrise et suis même invitée à faire une thèse de doctorat avec un séjour de 6 mois en Australie.

Bilan de mon parcours scolaire

Si je fais le bilan de mon parcours scolaire, je suis convaincue que c’est la confiance qui a été la pierre angulaire de ma progression. Doucement mise en place par ma famille, puis par mes enseignants et enfin par mes amies, c’est elle qui a rendu possible l’impossible.

Du point de vue de l’enseignante que je suis devenue, en plus de la confiance, je pense que c’est le travail entre pairs qui porte l’élève. Contrairement aux spécialistes de la matière que nous sommes, les jeunes se situent plus ou moins au même niveau de leur apprentissage. Leurs questionnements sont donc essentiellement les mêmes. De ce fait, si tout le monde joue le jeu, si tout le monde travaille sérieusement sa matière, puis qu’une session de mise en commun est organisée, alors, c’est incroyablement rentable. Pourquoi ?

  1. Parce que dès le moment de la révision, seul à domicile, on ne stresse pas à la première zone d’ombre. On sait qu’on a un joker, une autre chance de trouver la réponse. On poursuit donc son travail sans angoisse.
  2. Parce qu’au moment de la mise en commun, en fonction des affinités avec la matière, ce sera tantôt l’un, tantôt l’autre qui apportera la réponse. Chacun a son rôle à jouer. Et même si, dans le groupe (idéalement 3, pas plus que 4), un des élèves comprend plus vite que les autres et a plus de réponses à apporter, le simple fait de les expliquer va renforcer ses connaissances. C’est donc du win-win, tout le monde y gagne !
  3. Parce qu’au moment de l’évaluation, on arrive avec les autres membres de son groupe et que c’est réconfortant de se savoir dans la même salle d’examen. Un petit mot avant d’entrer ou même un regard pendant l’examen suffit pour retrouver sa sérénité.
  4. Et, last but not least, parce que, si le groupe traverse les années d’étude, cette pratique crée d’incroyables amitiés qui boostent la confiance en soi et qui font inévitablement grandir.

Conclusion

En conclusion, quelle est ma réponse à la question « Qu’est-ce qui facilite les apprentissages » ? Un travail sérieux, un petit noyau d’amis avec lesquels on révise (on parle donc bien de revoir la matière, pas de la découvrir), des rencontres adultes porteuses, le tout sur un fond de bienveillance et de confiance.

« Qu’est-ce qui empêche l’apprentissage ? » La peur de ne pas être capable, le manque de travail et l’isolement. Parce que, pour l’avoir vécu, je sais que le manque de confiance met l’élève dans un état de stress permanent et que, dans ces conditions, le simple fait de rester concentré en classe devient un challenge.

À l’heure actuelle, après 15 années d’enseignement et l’accompagnement de plusieurs centaines d’étudiants, je suis convaincue que presque n’importe qui peut apprendre presque n’importe quoi, pourvu qu’il se place dans de bonnes conditions : une écoute attentive en classe, un travail régulier et une collaboration entre pairs.

Je ne peux pas terminer cet article sans vous parler de Carol Dweck et vous conseiller la lecture de son excellent ouvrage « Osez réussir, changez d’état d’esprit » dont un résumé est disponible ici.

Dans ce livre, l’auteure nous explique à quel point l’état d’esprit est plus important que le talent. Et d’ailleurs, plus les années passent et plus je me dis que le génie n’existe pas, seule la passion amène l’Homme à se surpasser !

Si cet article te parle, laisse un pouce bleu, c’est une façon simple de savoir combien d’entre nous ont un jour été paralysés par la peur de ne pas être capable, alors qu’ils l’étaient ! Et bien entendu, sens-toi libre de laisser un commentaire si tu veux nous partager ta réflexion sur le sujet !

La vérité sur ce qui nous motive – Un livre de Daniel Pink

Introduction

Dans cet article, j’ai choisi de vous présenter le livre de Daniel Pink sur la motivation. Ayant déjà lu de nombreux livres sur le sujet, je dois vous dire que celui-ci est fondamentalement différent des autres. Il vous fait vraiment réfléchir sur le système de fonctionnement de notre société, de nos entreprises et même de nos écoles. Il nous donne une impression de sérieux au vu des (très) nombreuses références scientifiques qu’il contient. C’est vraiment un livre que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt et qui suscite beaucoup de questions malheureusement sans réponse pour le moment.

Étant enseignante, je cherche depuis longtemps comment motiver les jeunes pour qu’ils se mettent au travail et j’avoue m’être plus épuisée qu’avoir été efficace dans tout ce que j’ai essayé de mettre en place. Sans doute suis-je trop ancrée dans la vision traditionnelle de l’enseignement, sans doute lui faudrait-il une grosse révolution à notre enseignement… Mais en attendant cette révolution, c’est à vous (parents et adolescents) que je demande de l’aide. Je vous propose un résumé de cet ouvrage fort intéressant et en échange, vous me proposez les petites adaptations qui pourraient être mises en place dans mon enseignement pour faire changer les choses ! Je compte sur vous, bonne lecture et merci !

Résumé de l’ouvrage

la société à faibles profits et responsabilité limitée (L3C). Ces sociétés ont un but lucratif, mais leur premier objectif est d’accroitre les bénéfices sociaux de façon significative. Ainsi, l’auteur cite le cas d’une entreprise qui rachète des fabriques de mobiliers à l’abandon, les rénove à l’aide de technologies vertes et les loue à bas prix à des sociétés de fabriques de meubles en situation précaire. L’entreprise espère évidemment gagner de l’argent, mais son premier objectif est de revivifier des régions en difficulté. Ces nouvelles sociétés, on le devine, vont à l’encontre du système d’exploitation Motivation 2.0.

  • Comment nous concevons nos actions ?
  • À la fin du 20e siècle, tous les économistes s’accordent à dire que l’économie est l’étude des gestes posés par les individus qui agissent pour maximiser leur richesse. Toutefois, ce postulat a été mis à mal par des expériences menées partout dans le monde et dont le principe est le suivant : une personne détient 10 euros et souhaite les partager avec vous. Si vous acceptez le partage, il se fait, si vous le refusez, personne ne touche rien. Si l’on vous propose 6 euros, bien entendu que vous acceptez le partage. Si en vous en propose 5 voire 4, c’est toujours le cas. Mais dès que l’on ne vous propose que 3 euros ou moins, vous refusez. Pourquoi ? De façon rationnelle, vous avez tout intérêt à accepter : une somme de 3 euros est plus profitable à maximiser votre richesse que 0 euro, c’est indiscutable ! Mais vous êtes un être humain et le sentiment de justice, de vengeance ou d’irritabilité sera toujours plus fort que le simple calcul cognitif !

    Dans la réalité, nous avons aussi des comportements qui ne sont pas rationnels : nous n’épargnons pas suffisamment pour notre pension, nous maintenons de mauvais investissements, ou encore nous faisons des achats qui ne sont pas optimaux… Nous sommes même complètement irrationnels. Une fois de plus, tout ceci ne cadre absolument pas avec le modèle Motivation 2.0 pour lequel on agirait de façon rationnelle pour augmenter nos bénéfices. Certains économistes revoient donc leurs modèles pour y inclure la motivation intrinsèque de l’individu. En effet, pourquoi passons-nous des heures à maitriser un instrument de musique qui ne nous rapportera jamais un centime ou encore pourquoi abandonnons-nous un job plus lucratif pour un autre dans lequel on se sent plus reconnu ?

  • Comment nous agissons ?
  • Il existe essentiellement deux types de jobs : les jobs dits algorithmiques qui consistent à toujours refaire exactement les mêmes gestes qui conduisent toujours exactement aux mêmes résultats. Dans les pays développés, ces jobs ont tendance à disparaitre parce qu’ils sont délocalisés vers d’autres pays à la main d’œuvre moins chère ou remplacés par des ordinateurs. Le second type de job est dit heuristique parce qu’il force à une certaine expérimentation pour aboutir à un résultat qui n’est pas connu d’avance. Il semblerait que la théorie de la carotte et du bâton, si elle fonctionne bien dans les jobs algorithmiques, serait catastrophique quand elle est appliquée à des jobs heuristiques.

    Le travail par nature pénible qui nécessite une motivation à coups de carottes et de bâtons et qui demande une surveillance de ses sujets pour s’assurer qu’ils travaillent effectivement est progressivement remplacé par des métiers agréables qui font appel à une motivation intrinsèque et qui ne requièrent absolument aucune surveillance puisque le sujet aime ce qu’il fait et le fait donc pour son plaisir !

    Les États-Unis comptent à l’heure actuelle plus de 18 millions d’entreprises dites « non-employeuses » dans lesquelles il n’y a aucune hiérarchie. Il n’y a pas de patron qui serait obligé de motiver des employés et pas d’employés qui seraient obligés d’obéir à leurs supérieurs. Il n’y a que des personnes qui travaillent en toute autonomie et qui doivent donc se motiver elles-mêmes.

    Voilà donc 3 bugs dans la façon dont nous imaginons motiver nos employés. Un, nous ne maximisons pas uniquement notre profit en raison d’une motivation extrinsèque, mais également intrinsèque. Deux, les économistes se sont finalement rendu compte que nous ne fonctionnons pas comme des robots. Trois, Motivation 2.0 ne cadre absolument pas avec une partie toujours croissante de travailleurs pour lesquels le travail est créatif et fait appel à l’autonomie plutôt que routinier et dirigé par autrui.

    Chapitre 2 : 7 raisons pour lesquelles la carotte et le bâton sont (souvent) inefficaces.

    Une récompense permet-elle d’obtenir tout ce que l’on veut ? Non, c’est même souvent l’effet contraire qui est obtenu. Nous avons assimilé à du travail le fait de faire ce qu’on nous demande et le travail c’est ennuyeux. À l’inverse, nous avons assimilé au plaisir le fait de faire ce que l’on voulait (de pouvoir être créatif). L’auteur appelle cet effet l’effet Sawyer en référence au livre de Mark Twain dans lequel Tom Sawyer fait croire à ses copains que la tâche qui lui a été assignée (repeindre une palissade) est un privilège et non pas une contrainte, à tel point que bientôt, tous ses copains insistent pour prendre sa place !

    1. L’importance de la motivation intrinsèque. Il a été prouvé (par Deci en1999 qui a étudié les résultats de plus de 30 ans d’études) qu’une récompense annoncée (si tu fais ceci, tu auras cela…) a un effet positif à court terme (les sujets redoublent d’efforts), mais un effet négatif à long terme (les sujets abandonnent l’activité en question).
    2. La récompense favorise-t-elle l’excellence ? Non, c’est même l’inverse qui se produit. Plusieurs expériences dans lesquelles on donnait une somme d’argent non négligeable en récompense d’une activité ont conduit au résultat surprenant que, plus la récompense est forte, et plus le résultat est mauvais. Il y a donc un fossé énorme entre ce que savent les scientifiques de la motivation et des résultats et ce qu’appliquent les chefs d’entreprises.
    3. La récompense favorise-t-elle la créativité ? Au contraire : le fait de proposer de l’argent en échange d’une solution inédite (problème heuristique) obscurcit les pensées du sujet et l’amène à résoudre le problème en un temps significativement plus long. À l’inverse, pour des tâches algorithmiques, la promesse financière permet au sujet d’être plus concentré et de terminer la tâche plus rapidement. Il semble donc que la motivation intrinsèque (on choisit de réaliser une tâche pour son plaisir ou parce qu’on choisit de relever le défi) amène à beaucoup plus de créativité qu’une motivation extrinsèque. Sachant que dans la plupart des entreprises et des écoles, on agit sur base d’incitations conditionnelles, le constat de la disparité entre ce que savent les scientifiques et ce qu’appliquent les dirigeants est alarmant !
    4. La récompense favorise-t-elle une bonne conduite ? Cette question a trouvé réponse dans une étude concernant le don de sang. Les donneurs seraient-ils plus nombreux avec une récompense financière à la clé ? La réponse est non ! Il semblerait que le fait d’ajouter une récompense financière dénature l’acte altruiste et chasse le désir intrinsèque de réaliser une bonne action.
    5. Attention, la récompense n’est pas toujours pernicieuse. Ce qui est contre-productif, c’est de mêler la récompense à un acte qui est par nature créatif, altruiste ou intéressant.

      Les dérives entrainées par les récompenses:

    6. Un comportement contraire à la morale. Le fait de se fixer des objectifs pour atteindre un but a toujours été vu comme une technique efficace. Toutefois, les scientifiques ont démontré que c’était vrai si les objectifs étaient fixés par le sujet et faux si l’objectif est fixé par quelqu’un d’autre. À la poubelle donc les objectifs de rentabilité fixés par les chefs d’entreprises? Comme toute motivation extrinsèque, les objectifs fixés réduisent notre champ de réflexion. Pire, ils conduisent à un effet pervers qui est celui d’emprunter le chemin le plus court pour atteindre son objectif, quitte à faire des choses immorales. Opposons à cette approche la motivation intrinsèque, quand la récompense est l’activité en elle-même et qu’on la fait pour le plaisir. 0n réalise alors que les comportements immoraux sont impossibles puisqu’ils reviendraient à se faire du mal à soi-même. De façon similaire, punir un comportement inadéquat par une sanction financière n’entraine pas l’ajustement du comportement, au contraire. C’est comme si le mauvais comportement devenait un droit puisqu’on paie son erreur. À l’inverse, si l’on joue sur le sentiment de culpabilité, alors c’est le sentiment de justice (motivation intrinsèque) qui prend le relais. On a envie d’être juste envers les autres et donc, on a plus tendance à ajuster son comportement.
    7. Une accoutumance. Si l’on offre une récompense financière une fois pour une tâche donnée, alors, il ne faut pas s’attendre à ce que le sujet accomplisse cette tâche gratuitement à l’avenir. Pire encore, le sujet risque fort d’exiger toujours plus d’argent pour la même tâche à accomplir. L’idée de gagner de l’argent (ou de remporter une récompense) est comparable à l’effet d’une drogue ou d’une injection de dopamine : on en veut toujours plus.
    8. Une pensée à court terme. Les objectifs conduisent souvent à ne penser qu’au court terme au détriment du long terme. Au bout du compte, on perd donc en efficacité.

    CONCLUSION – Les 7 défauts fatals de la carotte et du bâton
    1. Ils peuvent annihiler la motivation intrinsèque
    2. Ils peuvent réduire la performance
    3. Ils peuvent empêcher la créativité
    4. Ils peuvent décourager une bonne conduite
    5. Ils peuvent inciter à tricher, à simplifier et à agir contrairement à la morale
    6. Ils peuvent engendrer une accoutumance
    7. Ils peuvent favoriser un raisonnement à court terme

    Chapitre 3 – … et les circonstances particulières dans lesquelles ils sont efficaces.

    Si les tâches à réaliser sont simples et mécaniques, alors, elles ne requièrent pas de motivation intrinsèque (pas besoin de réflexion ni de créativité) et dans ce cas, une récompense apporte une action plus rapide. Voici la procédure à suivre :

    a. Justifier la nécessité de la tâche
    b. Reconnaitre que la tâche est ennuyeuse
    c. Laisser les collaborateurs travailler en toute autonomie

    Si les tâches à réaliser demandent de la créativité :

    a. Créer des conditions de travail motivantes (lieu agréable)
    b. Les collaborateurs doivent être autonomes, ils doivent pouvoir maitriser le process
    c. L’obligation doit s’inscrire dans un projet plus global
    d. Faire percevoir le degré d’urgence et l’importance de la tâche

    Il est possible dans ce cas de faire appel à une récompense extrinsèque, mais elle doit être inattendue et être offerte une fois le travail terminé. Par ailleurs, une récompense immatérielle (un compliment ou un feedback) aura plus d’effet à long terme qu’une récompense matérielle. Pour être plus efficace encore, le feedback ne doit pas être global, mais doit vraiment viser un point essentiel (ex : non pas « vous avez fait une affiche parfaite », mais plutôt « vous avez utilisé les couleurs de façon très intéressante »).

    Chapitre 4 : le type I et le type X

    L’auteur présente ici brièvement la TAD ou théorie de l’autodétermination qui est fondée sur les besoins humains universels. L’Homme a 3 besoins innés universels :

    1. Être compétent
    2. Être autonome
    3. Entretenir des liens

    Quand ces 3 besoins sont satisfaits, nous sommes motivés, productifs et heureux.

    L’auteur classe les comportements en deux types : ceux de type X et ceux de type I. Le type X se nourrit plus de désir extrinsèque que de désir intrinsèque, il fonctionne donc sur base de la motivation 2.0. Il s’intéresse plus aux récompenses liées à une activité qu’à l’activité elle-même. À l’opposé, le comportement de type I se nourrit essentiellement de désirs intrinsèques et fonctionne donc sur le modèle Motivation 3.0. Si nous voulons contrecarrer de mauvaises performances, il faut passer du type X au type I. IL est bien évident que classer les individus en deux types seulement est très réducteur, mais nous serons d’accord sur le fait que tout individu fait plus partir d’un type que d’un autre, même s’il ne l’est pas à 100%. Il est important de remarquer que le type I est acquis et non inné. Dès lors, toute personne de type X peut, moyennant un travail sur lui-même, devenir une personne de type I.

    À long terme, les personnes intrinsèquement motivées (de type I) réussissent toujours mieux que les personnes qui recherchent des récompenses. Les personnes de type I ne sont pas indifférentes à l’argent, mais pour autant que leur salaire leur paraisse honnête, elles y accorderont moins d’importance. De même, elles chercheront la reconnaissance, mais pas comme une fin en soi. Elles voudront toujours renouveler leurs compétences pour le plaisir d’apprendre, d’évoluer et de rester maitres de leur vie. Il a été scientifiquement démontré que ce genre de personnes présente généralement une plus grande estime de soi et une meilleure santé psychologique. Le comportement de type I n’est pas induit par des forces extérieures, mais il vise à progresser dans une activité qui a de l’importance et cette recherche de l’excellence est associée à un objectif plus large.

    PARTIE II : Les trois éléments : autonomie, maitrise et finalité

    Chapitre 5 : L’autonomie

    Un peu partout dans le monde commencent à émerger des entreprises de type ROWE (Results-only Work Environnement), càd un environnement de travail dans lequel seuls les résultats comptent. Dans ces entreprises, le patron voit ses employés comme des collaborateurs et leur donne toute l’autonomie nécessaire pour atteindre des objectifs fixés. Ils sont ainsi libres d’arriver au bureau à n’importe quelle heure et de le quitter quand bon leur semble. Le patron est toujours présent pour donner de l’aide, mais n’exerce aucun contrôle de présence. À long terme, il semblerait que ce genre d’entreprise amène beaucoup plus de résultats que des entreprises classiques où le contrôle est hyper présent. Les salariés de ces boites refuseraient même de les quitter pour des avantages financiers colossaux parce qu’ils ne veulent pas abandonner leur confort de vie.

    Les salariés sont-ils des joueurs ou des pions ?

    Le management est le problème de nos entreprises. Ce dont nous avons besoin, c’est une renaissance de l’autonomie. Nous oublions trop souvent que le management n’est pas un mouvement naturel, c’est une invention de l’homme qui a fait ses preuves par le passé, mais qui n’est plus en adéquation avec les nouveaux jobs qui font appel à la créativité. Nous négligeons également le fait que l’autonomie est le propre de l’être humain, c’est ce qu’il recherche, à travers le monde et, quel que soit son niveau social, c’est ce qui le rend heureux. Ce besoin d’autonomie, on le voit déjà chez les enfants dès leur plus jeune âge, ils veulent faire seuls et cela les rend heureux.

    « Le sentiment d’être autonome exerce un effet notable sur les performances et sur l’attitude d’un individu. Selon une série d’études récentes dans le domaine de la science du comportement, l’autonomie permet d’avoir une meilleure compréhension des concepts, d’obtenir de meilleurs résultats scolaires, d’être plus persévérant en classe et dans les activités sportives, d’être plus productif, de moins échouer et de se sentir psychologiquement mieux ».

    5.1. Les quatre conditions essentielles de l’autonomie

    Certaines expériences réalisées en entreprise montrent que l’autonomie amène les plus grands résultats quand elle repose sur 4 piliers ; les travailleurs doivent être autonomes dans:

    1. Ce qu’ils font
    2. Quand ils le font
    3. Comment ils le font
    4. Avec qui ils le font

    Décider de ce que l’on fait

    Plusieurs grandes compagnies, dont Google, ont décidé de consacrer 20% du temps de travail de leurs employés à une activité libre. Ils ont pour seule consigne de sortir de leur zone de travail habituelle et de réfléchir à un domaine qu’ils connaissent mal. Il est intéressant de constater que la plupart des grandes idées qui ont émergé au cours des dernières années dans ces entreprises (comme celle du post-it !) ont fleuri au cours de ces moments d’autonomie !

    Décider du moment où l’on travaille

    L’auteur nous explique ici que les avocats, et les gens de droit en général, ont l’air moins heureux que les autres. Pour lui, cela est lié à la facturation horaire. Un avocat est obligé de consigner scrupuleusement son temps de travail, parfois même de 6 minutes en 6 minutes. S’il facture trop peu, il est mis sur la sellette. Il n’est donc pas surprenant qu’il privilégie dès lors son temps de travail au résultat. Cela pourra même le conduire au comportement immoral de gonfler artificiellement son temps de travail. Certaines entreprises qui ont adopté le modèle ROWE disent que leur productivité a augmenté et que leurs salariés ont cessé de compter le nombre d’heures durant lesquelles ils travaillent. Quel que soit le domaine, il est temps d’arrêter notre système de pointeuse et de pénalités de retard !

    Choisir la technique utilisée

    Si l’on compare la performance des centrales téléphoniques dans lesquelles les employés doivent, sous la surveillance du patron, scrupuleusement suivre une liste de questions à poser au client mécontent, on constatera qu’elle est nettement moindre qu’une jeune entreprise américaine qui a décidé au contraire de laisser toute autonomie à ses employés avec comme seul but de satisfaire le client. De façon plus impressionnante encore, de plus en plus de compagnies aériennes américaines ont décidé de remplacer les call-centers par des agents qui travaillent à domicile quand bon leur semble. Ils travaillent dans un cadre plus agréable et en toute autonomie (aucune surveillance). Résultat : Le niveau d’étude des employés est bien plus élevé que dans tous les autres call-centers et le taux de rotation des employés bien moindre.

    Choisir ses coéquipiers

    C’est aussi un puissant levier pour la productivité. Ainsi, certaines entreprises calquées sur le modèle 3.0 proposent à leurs employés un vote pour garder ou non une personne à l’essai. D’autres proposent à leurs employés de former eux-mêmes les équipes de travail de leur choix. Cela leur permet de travailler dans un cadre plus agréable et d’être donc plus performants.

    5.2. L’art d’être autonome

    Il n’est pas évident de passer du système 2.0 dans lequel on suppose qu’en laissant trop de libertés aux employés ils finissent par ne rien faire ; au système 3.0 dans lequel on part du principe que l’homme a envie de rendre des comptes et que pour cela, il faut lui donner un maximum d’autonomie dans son travail, dans ses process et même dans le choix de ses coéquipiers. La transition d’un système vers un autre ne peut se faire brutalement du jour au lendemain.
    Le besoin d’autonomie se fera plus ressentir dans un domaine plutôt que dans un autre en fonction des individus. Il serait donc intéressant qu’un patron sache quel employé souhaite quel type d’autonomie.

    Nous sommes censés être des individus de type I et non pas de type X. Nous sommes des joueurs et non des automates. Trop d’années de Taylorisme ont abouti au fait de croire que nous devons être dirigés. Si nous mettons à jour notre environnement, autant à l’école, qu’au boulot ou à la maison, et si nos dirigeants reconnaissent notre nature profonde, alors nous pourrons progressivement retrouver notre état naturel.

    Chapitre 6 : La maitrise

    6.1. Comment passer de la soumission à l’implication ?

    Le système Motivation 2.0 demandait soumission et contrôle : faire exactement ce que l’on nous demande. Le système 3.0 quant à lui demande autonomie et maitrise. Mais pour atteindre l’autonomie, il faut de l’implication. Quand une personne relève un défi qui est de niveau adapté, il est fréquent qu’elle atteigne l’état de flow : elle est tellement impliquée dans ce qu’elle fait qu’elle ne ressent plus l’effet du temps. Ces personnes éprouvent alors une satisfaction telle, qu’elles s’oublient dans ce qu’elles font (elles en oublient même de manger et se retrouvent à 16h00 sans avoir déjeuné).

    « La création d’un environnement de travail favorable à l’état de flow et offrant aux salariés la possibilité d’accéder à la maitrise de leur activité pourrait permettre de gagner en productivité tout en rendant le personnel plus satisfait de ses conditions de travail. » Une étude menée sur onze mille scientifiques a montré que le besoin de s’impliquer dans la maitrise de quelque chose de nouveau (càd la recherche de défi) était le meilleur indicateur de productivité. Toutefois, il faut bien veiller à proposer des tâches équilibrées, càd ni trop compliquées, ni trop simples.

    6.2. Les trois lois de la maitrise

    L’état de flow est limité dans le temps et il peut se vivre à n’importe quel moment. Il est donc à différencier de l’état de maitrise qui ne pourra être obtenu qu’après un certain temps d’entrainement. Toutefois, les états de flows conduisent à une maitrise plus rapide. Il semblerait que la maitrise dépende de trois lois :

    1. La maitrise est un état d’esprit : c’est ce que développe Carol Dweck qui pense qu’il existe deux sortes de personnes. Les premières considèrent que l’intelligence est une chose fixe et qu’elle ne peut pas évoluer. Dès lors, toute rencontre avec un professionnel ou un éducateur est pour elles une occasion de montrer leur intelligence. Par contre, il existe des personnes qui pensent que l’intelligence est incrémentielle et chaque nouvelle rencontre est une occasion d’augmenter cette intelligence. De ces deux théories, seule celle qui considère l’intelligence incrémentielle peut déboucher sur la maitrise.

      Pour Dweck, il existe également deux sortes d’objectifs : les objectifs en termes de performance (obtenir un 20/20 en anglais) et les objectifs en termes d’apprentissage (apprendre une langue étrangère). L’assignation d’un objectif de performance à un élève semble être une méthode efficace pour la résolution de problèmes simples, mais elle inhibe la capacité du jeune à appliquer ses connaissances à une nouvelle situation. Les jeunes à qui on assigne un objectif d’apprentissage par contre, chercheront plus longtemps quand ils seront placés dans une situation nouvelle. C’est logique, ils n’ont pas besoin de démontrer qu’ils sont bons, ils veulent juste apprendre. De plus, les jeunes à intelligence fixe considèrent mal l’effort, ils pensent que s’ils doivent travailler beaucoup, c’est la preuve qu’ils sont mauvais. Les jeunes à intelligence évolutive par contre, prendront les efforts comme un moyen d’augmenter leur potentiel et ils ne craindront pas l’échec.

    2. La maitrise est une souffrance. Même si l’état de flow est particulièrement agréable, atteindre la maitrise est une chose difficile. La maitrise demande des efforts répétés sur de très longues périodes. Si l’on comprend l’importance qu’il y a à travailler dur et longtemps pour atteindre la maitrise, alors, dans tous les domaines, cela pourrait compter plus que le talent pour réussir. Le chemin vers la maitrise se fait souvent par paliers, il y a des moments où, malgré le travail on n’évolue guère. Si l’on sait que c’est normal, alors on peut plus facilement l’accepter. D’après Carol Dweck ; l’effort fait partie de ce qui donne un sens à la vie. Il est là pour nous rappeler que nous avons un objectif et que nous nous battons pour l’atteindre.
    3. La maitrise est une asymptote. On peut s’en approcher, se diriger vers elle, s’en retrouver infiniment proche, mais on ne pourra jamais l’atteindre. Il est impossible de la posséder complètement, on peut toujours s’améliorer. Le plaisir se trouve donc davantage dans le chemin pour y parvenir que dans sa réalisation.

    6.3. L’oxygène de l’âme

    Le flow est l’oxygène de l’âme. S’en priver plus de 48h nous conduirait dans un état d’apathie nous faisons tomber dans la dépression nerveuse. Si l’on observe les enfants, ils vont d’un état de flow vers un autre, faisant des choses, parfois inutiles, mais qui leur procurent du plaisir. Nous autres, adultes, devrions revenir plus souvent à cet état de flow et trouver un équilibre tel que l’on ressente du plaisir plusieurs fois par jour. N’oublions pas que le travail n’est pas nécessairement une pénitence, qu’il peut être vu comme un jeu qui peut nous procurer des états de flow !

    Chapitre 7 : la finalité

    7.1. La motivation de la finalité

    Quand on arrive à l’âge de 60 ans, on a tendance à faire un bilan de sa vie et on a peur que les quelque 25 années qui nous restent à vivre filent à toute allure. C’est alors qu’on voit cette tranche d’âge laisser tomber la recherche des gains pour s’investir dans le bénévolat. Il semblerait que des jobs non rémunérés apportent quelque chose qu’aucun job rémunéré n’est capable d’apporter.

    Cette nouvelle motivation est visible dans 3 domaines de la vie.

    1. Les objectifs
    2. On retrouve de plus en plus de sociétés pour lesquelles le profit n’est pas une finalité, mais plutôt un catalyseur pour atteindre leur finalité. Ainsi, l’entreprise américaine TOMS shoes, offre une paire de chaussures à un enfant d’un pays en développement à chaque paire de chaussures vendue.

    3. Le discours
    4. En 2009, des étudiants du MBA craignant devenir des bandits avec le bénéfice comme seul but, ont créé le serment du MBA dans lequel les étudiants en gestion s’engagent à favoriser la maximisation de la finalité plutôt que celle du profit. Les entrepreneurs doivent s’efforcer d’imprégner leur activité commerciale de valeurs profondes comme l’honneur, la vérité ou la justice. Il s’agit d’humaniser les activités commerciales.

    5. La politique de l’organisation
    6. Les chefs d’entreprise doivent faire attention à leur discours. En effet, s’ils donnent des règles à suivre pour atteindre des objectifs éthiques, alors, ils risquent de transformer la motivation intrinsèque de son personnel à bien se conduire en motivation extrinsèque. Il est préférable ici de jouer sur l’autonomie en mettant son pouvoir au service de la maximisation de la finalité. Certaines études montrent que dépenser son argent pour le bien de la société augmente le sentiment de bien-être de l’individu. Ainsi, il serait judicieux que l’entreprise donne une certaine somme d’argent à ses employés pour qu’ils l’investissent dans une association caritative de leur choix.

    7.2.Une vie excellente

    Une étude menée par Deci et al. a porté sur le niveau de bien-être de jeunes nouvellement entrés dans la vie active. Parmi eux, ceux qui s’étaient donné des objectifs de profit (devenir riches, avoir une grosse voiture…) et qui les avaient atteints étaient globalement anxieux et malheureux en comparaison avec leurs collègues qui s’étaient donné des objectifs de finalité (améliorer la santé des gens…). Ce qui est dingue, c’est de constater que, dans le premier cas, alors que l’objectif est atteint et que la personne a enfin ce dont elle rêvait depuis toujours, cet avoir la rend globalement plus malheureuse.

    Un collègue de Deci conclut son étude en disant ceci : « Une des raisons de l’anxiété et de la dépression chez les gens brillants est qu’ils n’ont pas de bonnes relations avec les autres. Ils sont occupés à gagner de l’argent et à gérer leurs propres affaires, si bien qu’il ne reste plus beaucoup de place dans leur vie pour l’amour, l’attention, l’empathie, les choses qui comptent vraiment ».

    Une société ou une entreprise saine doit être fondée sur la finalité et le profit ne doit être que le moyen d’y arriver.

    Partie III : la boîte à outils du type I

    Dans cette partie, Daniel Pink nous propose toute une série d’actions concrètes à mettre en œuvre pour évaluer à quel moment nous sommes en état de flow et pouvoir provoquer ces instants plus souvent, ou encore des actions concrètes pour atteindre nos objectifs et se poser les bonnes questions.

    Ce livre nous propose encore un résumé par chapitre, bien pratique pour se remémorer facilement l’essentiel de chaque chapitre à tout moment.

    Conclusion

    Voilà donc l’essentiel de ce livre résumé en quelques lignes. Suite à cette lecture, je réalise l’abysse qui sépare les découvertes scientifiques de la réalité de l’école.

    • Quand la recherche nous apprend que les plus belles découvertes ont lieu quand les cerveaux sont capables de collaborer, l’école n’offre qu’occasionnellement la possibilité de mettre des connaissances en commun.
    • Quand la recherche nous apprend que la récompense annoncée a un effet bénéfique à court terme mais qu’elle est contre-productive à long terme puisqu’elle conduit au désintérêt; l’école récompense le « bon » élève à coup de bons points et de remarques élogieuses. Et cette même école s’étonne de la perte de motivation du jeune au fil de sa scolarité.
    • Quand la recherche nous apprend que la récompense annoncée produit un comportement contraire à la morale, l’école s’étonne que le jeune triche en salle d’examens!
    • Quand la recherche nous apprend que les objectifs imposés réduisent notre champ de réflexion; l’école impose des dates (des heures même!) précises auxquelles tel devoir ou telle interrogation doit être rendue. Plus fort encore, elle impose que tous les jeunes de l’âge de 15 ans soient globalement au même endroit sur le chemin de la maitrise, sans quoi le jeune reçoit le coup de bâton fatidique: le redoublement!
    • Quand la recherche nous apprend que la récompense annoncée provoque l’accoutumance, le professeur s’étonne que ses élèves ne se mobilisent pas quand il n’y a pas de points à la clé.
    • Quand la recherche nous apprend que les personnes intrinsèquement motivées sont plus heureuses et réussissent mieux que les personnes qui recherchent des récompenses, l’école n’a trouvé que les points pour motiver ses élèves.
    • Quand la recherche nous rappelle que l’autonomie est le propre de l’Homme (le jeune enfant la recherche coûte que coûte), l’école ne laisse qu’une très faible marge de manœuvre à ses élèves et même à ses professeurs.
    • Quand la recherche nous apprend les 4 piliers de l’autonomie: être autonome sur ce que l’on fait, quand on le fait, avec qui et comment on le fait; l’école impose le cours qu’il faut suivre, l’heure à laquelle il commence, le professeur qui est responsable dudit cours et les exercices qu’il y a lieu de faire.
    • Quand la recherche nous apprend que la maitrise est un état d’esprit et qu’il est préférable de donner des objectifs en termes d’apprentissage, plutôt qu’en termes de performances; l’école n’explique jamais cette approche à ses élèves (ni à ses professeurs d’ailleurs).
    • Quand la recherche nous apprend que la maitrise est souffrance, bien des enseignants se voient malmenés par des parents qui considèrent que leurs enfants peinent trop à l’école.
    • Quand la recherche nous apprend que l’état de flow est l’oxygène de l’âme, l’école s’étonne du mal-être croissant des jeunes avec lesquels elle travaille.
    • Quand la recherche nous apprend que les jeunes se fixant des objectifs de finalité donnent des adultes plus heureux que ceux qui se fixent des objectifs de profit, personne ne s’étonne des jeunes qui choisissent des études sans savoir pourquoi ils les choisissent, si ce n’est pour avoir « une place de choix » dans la société ou avoir une grosse voiture (Hé oui, je vous assure qu’ils existent! :)).
    • Je ne peux prétendre que cet auteur a raison sur toute la ligne, mais je ne peux que m’inquiéter du fossé entre la Recherche et la réalité. Cette fracture que je sens s’installer entre mon monde de profs et celui de mes élèves, cette certitude que j’ai depuis quelques années que l’école devra évoluer, cette inquiétude que j’ai de voir tant de jeunes qui ne vont pas bien (et au final tant d’adultes qui décrochent de leur vie professionnelle), peut-être cette lecture, pourra-t-elle m’aider à améliorer les choses…

      Si les idées de l’auteur vous paraissent trop irréalistes (notamment au niveau du management), peut-être ai-je dénaturé le livre en retirant les nombreux cas d’études. Je vous invite alors à lire l’ouvrage dans son entièreté. Il est truffé de références scientifiques, d’exemples d’expériences menées sur un grand nombre d’individus, et de cas concrets d’entreprises … américaines pour la plupart. Mais le nouveau continent n’a-t-il pas toujours une longueur d’avance sur l’ancien?


      Ma demande est dès lors très simple : que pourrais-je mettre en place dans mes cours pour favoriser l’autonomie et la maitrise tout en respectant (voire en provoquant) le bien-être de mes élèves? N’hésitez pas à m’envoyer vos idées par mail ou en commentaire ci-dessous, même si (et j’ai envie de dire, surtout si) elles vous paraissent saugrenues ! D’avance, je vous remercie pour votre aide précieuse!

      Julie

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      Les vertus de l’échec de Charles Pépin

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      Présentation de l’auteur

      Charles Pépin est un philosophe, écrivain et journaliste français né en 1973. Ses romans sont traduits dans plus de 20 pays. Son essai : les vertus de l’échec est un condensé de sagesse dans lequel l’auteur nous apprend comment vivre ses échecs et surtout, comment les utiliser pour mieux réussir. De façon assez surprenante, il nous apprend également comment vivre ses réussites pour ne pas s’endormir…
      L’écrivain fait un tour d’horizon vraiment très intéressant de plusieurs célébrités telles que Charles de Gaule, Steve Jobs, Serge Gainsbourg, Charles Darwin, Roger Federer, André Agassi, Winston Churchill, Thomas Edison ou encore Barbara. A la question : « Qu’ont-elles toutes en commun », il répond : « Elles ont toutes connu des succès éclatants, oui, mais pas seulement. Elles ont échoué avant de réussir. Mieux : c’est parce qu’elles ont échoué qu’elles ont réussi. » Voilà qui donne le ton!

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      Professeur de philosophie au lycée, Charles Pépin s’étonne de voir à quel point les jeunes sont meurtris par leurs échecs. « C’est comme si on ne leur avait jamais dit qu’ils avaient le droit d’échouer et que c’était même le propre de l’Humain ». De fait, quand on y pense, tout ce que font les animaux est dicté par leur instinct. Ils n’ont qu’à obéir à leur nature pour ne pas se tromper. Ils savent, d’instinct ce qu’ils ont à faire et n’ont pas à tirer de leçon de leurs échecs. A l’inverse, l’Homme, en se trompant, en échouant, manifeste sa vérité d’Homme : « il n’est ni un animal déterminé par son instinct, ni une machine parfaitement programmée, ni un dieu ». Il peut échouer parce qu’il est un homme et qu’il est libre : libre se tromper, libre de se corriger, libre de progresser.

      Chronique et résumé de « Les vertus de l’échec »

      Chapitre 1 : L’échec pour apprendre plus vite – le problème français

      Le monde du sport regorge d’exemples intéressants, mais prenons celui de Rafaël Nadal. A l’âge de 13 ans, il perd la demi-finale du tournoi de tennis des Petits As contre Richard Gasquet. Ce dernier est un jeune prodige que la presse surnomme « Le petit Mozart du tennis français ». Le monde du tennis affirme que jamais aucun joueur n’a atteint un tel niveau de maitrise à l’âge de 9 ans. Pourtant, Richard Gasquet n’atteindra jamais le niveau de Nadal. Pourquoi ?
      « Il faut revenir sur le parcours de Nadal pour comprendre où s’est jouée la différence. Jeune, il a connu beaucoup d’échecs : des matchs perdus, une incapacité à maitriser la technique du coup droit classique. Après sa défaite contre Gasquet, Nadal rencontrera son adversaire à 14 reprises, il remportera les 14 matchs. On peut parier que Rafaël Nadal a appris plus en perdant la finale en 1999 qu’en la remportant. Et s’il n’avait pas échoué ? Et si, ne rencontrant quasiment pas l’échec il avait manqué de cette expérience du réel qui résiste et qui nous conduit à le questionner, à l’analyser ? Serait-il devenu celui que tout le monde connait? Les succès sont agréables mais ils sont souvent moins riches d’enseignement que les échecs. »

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      Ce qui est vrai dans le monde du sport l’est également dans le monde scolaire. Mieux vaut échouer vite et se poser les vraies questions que réussir sans comprendre pourquoi : les progrès seront ensuite plus rapides. Dès lors qu’un échec est accepté et questionné, l’entrée dans un nouveau cours se fait plus aisément par l’échec que par le succès.

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      Si cette vision des choses peut sembler évidente, elle est très minoritaire en France. Aux Etats-Unis, en Angleterre, en Finlande ou en Norvège, les entrepreneurs, les figures politiques ou les sportifs aiment mettre en avant les échecs rencontrés au début de leurs carrières qu’ils arborent fièrement, comme des guerriers leurs cicatrices. Dans ce vieux pays qu’est la France, les hommes d’affaire se définissent par le diplôme qu’ils ont obtenu à l’âge de 20 ans, comme s’il leur donnait une identité (et une valeur) à vie.
      En France, il ne s’agit pas de rater vite, au contraire, il faut réussir vite ! Comme s’il était possible (et souhaitable) de se mettre une fois pour toutes sur les rails de la vie professionnelle ! Les parcours respectifs de Gasquet et de Nadal semblent pourtant confirmer qu’il vaut mieux parfois, sortir des rails du succès et en sortir tôt.

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      C’est une vertu de l’échec : il faut avoir déjà échoué pour savoir qu’on se relève, alors autant commencer tôt !

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      A l’inverse de notre système qui pointe du doigt le jeune qui se trompe d’orientation, à Boston, on sélectionne les étudiants de médecine (trop nombreux) en privilégiant ceux qui ont déjà connu l’échec. Le profil le plus recherché est l’élève qui a déjà entrepris d’autres études avant de se rendre compte de sa méprise et de réfléchir sur son avenir. Avoir échoué jeune en France, c’est avoir échoué à se mettre sur les bons rails. Aux Etats-Unis, c’est avoir commencé jeune à chercher sa propre voie.
      Finalement, ce que révèle le problème français, c’est que nous accordons trop d’importance à la raison et pas assez à l’expérience. Enfants de Platon et de Descartes, nous sommes trop rationalistes et pas assez empiristes. Or, l’expérience de l’échec est l’expérience de la vie même.

      Chapitre 2 : L’erreur comme seul moyen de comprendre – une lecture épistémologique

      Le philosophe et poète Bachelard définit ainsi le savant : « celui qui sait reconnaitre son erreur initiale et trouver la force de la rectifier ». Selon lui, les grands scientifiques sont comme nous : ils commencent par se tromper, par se faire des idées fausses sur les choses. Mais, au lieu de s’arrêter à leur première idée, ils mettent au point des expériences qui tendent à éprouver leur croyance. Et, en cas d’erreur, ils ont le courage de la rectifier humblement. Thomas Edison a ainsi déposé plus de mille brevets. Il a passé des nuits entières à ne dormir que 4 heures pour essayer d’inventer l’ampoule électrique : il a raté des milliers de fois avant d’y parvenir. On fait souvent l’éloge de sa volonté, mais c’est oublier qu’Edison était fasciné par tout ce que ses échecs lui apprenaient des lois de la nature. La persévérance des savants s’explique par le fait que chaque échec leur souffle quelque chose sur la nature des choses. La vertu de l’erreur est naturellement enseignée dans tous les laboratoires de recherche.

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      Au contraire des laboratoires, les élèves qui échouent sont montrés du doigt, leurs mauvais résultats sont interprétés comme un manque d’intelligence ou comme une absence de travail. Ils pourraient pourtant être vus comme des étapes vers la compréhension. Il est quand même surprenant que le fait de se tromper soit perçu comme humiliant pour la plupart des élèves mais que les chercheurs du monde entier y voient un acte normal, formateur, nécessaire.
      Le tennisman Stanislas Wawrinka s’est fait tatouer sur l’avant-bras gauche la citation de Samuel Beckett issue de Cap au pire : « Ever tried. Ever failed. No matter. Try again. Fail aigain. Fail better ». (« Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Echoue encore. Echoue mieux. »)

      Chapitre 3 : La crise comme fenêtre qui s’ouvre – une question pour notre temps

      « Trop souvent nous voyons l’échec comme une porte qui se ferme. Et si c’était une fenêtre qui s‘ouvre ? »
      Cette vertu de l’échec s’expérimente dans tous les domaines. Ainsi, c’est en se penchant sur le corps humain lorsqu’il ne fonctionne pas que nous comprenons mieux comment il fonctionne. Il n’y a que lorsque nous nous retrouvons en panne en pleine campagne, que nous ouvrons le capot de la voiture pour chercher à comprendre son mode de fonctionnement. Chaque crash d’avion est accompagné d’une enquête indépendante qui apporte son lot de nouvelles connaissances. C’est parce que l’opération « Jubilee » de 1942 était un fiasco que le débarquement de Normandie a pu être réussi. C’est en se penchant sur la crise que traverse notre couple, que nous comprenons mieux ce que chacun attend de l’autre.

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      « Les crises sont comme des fissures, elles laissent passer la lumière. Encore faut-il éviter de tomber dans la crispation et de se poser comme seule question : qu’ai-je perdu ? Il faut avoir la sagesse de se poser la question suivante : qu’est ce qui peut commencer, maintenant ? »

      Chapitre 4 : L’échec pour affirmer son caractère – une lecture dialectique

      Monique Serf a essuyé bien des revers avant de devenir la célèbre Barbara, elle a été huée par le public et engagée comme plongeuse dans un cabaret. Ses échecs ne l’ont pas détournée de sa vocation. Bien au contraire, c’est à leur contact qu’elle affirme son tempérament.

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      « Les échecs peuvent avoir comme vertu de façonner le caractère, de se préparer à endurer d’autres échecs. »

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      Si un échec est une occasion de comprendre pourquoi nous avons échoué, il peut aussi être l’occasion de mesurer son désir et de se rendre compte qu’il est plus fort que l’adversité. D’après Hegel, un esprit a besoin de son contraire pour savoir qui il est. C’est lorsqu’on confronte sa conviction a une conviction contraire qu’on en prend pleinement conscience. C’est d’ailleurs le principe d’une bonne dissertation : il faut qu’une antithèse vienne s’opposer à une thèse pour que cette dernière puisse montrer toute sa puissance.

      \( \\ \)

      Un caractère s’affirme dans l’adversité, c’est ainsi que Michael Jordan l’exprime : « J’ai raté 9000 tirs dans ma carrière. J’ai perdu presque 300 matchs. 26 fois, on m’a fait confiance pour prendre le tir de la victoire et je l’ai manqué. J’ai échoué encore et encore dans ma vie. Et c’est pourquoi j’ai réussi ». L’absence d’échecs nous prive peut-être de la possibilité d’affirmer notre caractère.

      Chapitre 5 : L’échec comme leçon d’humilité – une lecture chrétienne?

      Le mot humilié vient du latin « humilitas », dérivé de « humus » qui signifie « terre ». Echouer, c’est en effet souvent redescendre sur terre, cesser de se prendre pour Dieu. Les entraineurs savent bien qu’il n’y a rien de pire pour un champion que l’impression d’être intouchable. « Il faut souvent que l’athlète cesse de se croire supérieur pour le devenir vraiment. Il observera alors chaque adversaire en le respectant, n’en sous-estimera aucun, ne cessera jamais de se demander comment gagner. Et c’est grâce à cette attitude qu’il enchainera les victoires.»
      Les savants, souvent, sont des personnes très humbles. Ce n’est pas un hasard, c’est parce qu’ils échouent sans cesse et passent leur vie à corriger des intuitions fausses. C’est précisément parce qu’ils savent accepter humblement l’échec qu’ils progressent tant dans le savoir.

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      « Peu importe finalement, le nombre de fois que nous tombons, tant que nous nous relevons une fois de plus, tant que nous nous relevons plus sages ».

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      Difficile d’écrire cela sans songer au chemin de croix de Jésus. Plus il chute, souffre, plus il se rapproche de Dieu. « Ce chemin de croix est l’acte fondateur du christianisme. Jésus tombe plus bas que terre et c’est pourquoi il monte au ciel… »

      Chapitre 6 : L’échec comme expérience du réel – une lecture stoïcienne

      « Mon Dieu, donne-moi la force d’accepter ce que je ne peux pas changer, la volonté de changer ce que je peux changer, et la sagesse de savoir distinguer les deux » : par cette prière, Marc Aurèle résume la sagesse stoïcienne. L’échec nous offre la chance de réaliser que nous sommes sans cesse confrontés au réel. Et que, dans ce réel, il y a des choses qui dépendent de moi, et des choses qui n’en dépendent pas. La sagesse stoïcienne commence par cette prise de conscience, si difficile à intégrer lorsque nous n’échouons pas. Or, cette distinction est souvent à l’origine de la réussite.

      \( \\ \)

      L’expérience d’enseignant le confirme tous les jours : « L’élève qui refuse son échec, arguant que le professeur note « n’importe comment » ou glissant sa copie au fond de son sac pour n’y plus songer, ne prendra pas le temps de s’arrêter sur ce qui n’a pas marché. Au lieu de voir l’échec comme un mauvais moment à oublier au plus vite, apprenons à le considérer comme une chance de s’arrêter dans une vie trop hâtive. Le déni de l’échec s’apparente alors à un refus de saisir cette occasion. La sagesse stoïcienne nous propose au contraire une profonde acceptation de cet échec, qui dit toujours quelque chose de la nature du réel. »
      Pour Marc Aurèle, l’échec n’est ni juste, ni injuste. Les forces du cosmos ne sont ni justes, ni injustes, elles sont, c’est tout. Il faut faire avec.

      \( \\ \)

      Le juste et l’injuste ne sont que des interprétations humaines. Se plaindre du réel, c’est le fuir, se réfugier dans un jugement subjectif qui n’apporte rien.

      \( \\ \)

      Ray Charles a perdu la vue à 7 ans et sa mère à 15. Auparavant, il avait assisté à la mort par noyade de son jeune frère. « J’avais le choix, raconte-t-il, m’installer au coin d’une rue avec une canne blanche et une sébile ou tout faire pour devenir musicien ». Ray Charles ne s’est pas plaint de son sort. Il a accepté toutes les épreuves qui ne dépendaient pas de lui pour s’employer à devenir un musicien et chanteur génial (ce qui ne dépendait que de lui et de sa volonté).

      \( \\ \)

      « Face à un échec, comme face à une épreuve, la question n’est pas de savoir ce qui est juste ou injuste, mais si nous pouvons ou non en tirer une sagesse. L’échec lorsqu’il est là, ne dépend plus de nous. Seule dépend de nous la manière de le vivre. Nous pouvons pleurer sur notre sort injuste, ou voir l’échec comme une chance de rencontrer le réel. »
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      Chapitre 7 : L’échec comme une chance de se réinventer – une lecture existentialiste

      « L’existence précède l’essence » : cette affirmation de Sartre signifie que nous sommes libres d’exister et de nous rectifier tout au long de notre vie.
      Mais il y a une autre façon de voir le monde, elle est dite parménidienne. Il s’agit alors de croire en l’essence (une volonté génétique divine) plus qu’en le devenir. Dans ce second cas, l’échec est mal vécu parce que nous croyons qu’il délivre une réponse sur ce que nous sommes. « Il faut voir autrement, et voir l’échec comme une occasion de nous réorienter, de rebondir. C’est alors prendre le parti du devenir.

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      C’est une autre vertu de l’échec. Il ne nous rend pas nécessairement plus fort, plus humble ou plus sage, il peut juste nous permettre d’être disponible pour autre chose. »
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      Si Charles Darwin n’avait pas échoué successivement dans ses études de médecine et de théologie, il n’aurait jamais embarqué pour ce voyage au long cours, si décisif dans sa vocation de savant et dans sa compréhension des mécanismes de l’évolution. Voilà ce que les lycéens devraient savoir au moment où ils sont tétanisés à l’idée de s’engager dans une direction. « Parce que, certains échecs sont, in fine, moins des impasses que des carrefours ».

      Chapitre 8: L’échec comme acte manqué ou heureux accident – une lecture psychanalytique

      Il est intéressant de voir l’échec comme un acte manqué au sens de la psychanalyse freudienne : un acte qui est en même temps raté et réussi. Raté d’un point de vue de l’intention consciente. Réussi d’un point de vue du désir inconscient. C’est au final, nous dit Freud, l’inconscient qui s’exprime. Ainsi, un lapsus est un acte manqué langagier : nous échouons à formuler ce que nous voulions exprimer, tandis que notre inconscient, se manifeste avec succès. De la même façon, nous pouvons nous efforcer à deviner la force de nos désirs secrets derrière nos actes manqués, comme derrière nos lapsus révélateurs.

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      Que l’échec soit une réussite, c’est au final ce que nous montrent les produits qui furent des ratés avant de devenir des produits phares. Ainsi, la tarte tatin est le résultat d’un heureux accident, tout comme le champagne qui fut d’abord un accident de cuve, un vin manqué, trop sucré et acide. « Mais attention, pour que ces échecs deviennent des réussites, il faut avoir la sagesse de lâcher-prise et faire preuve d’un certain relâchement qui nous permette d’accueillir ce qui vient, ce qui n’est pas toujours simple ». Si les sœurs Tatin avaient jeté leur tarte à priori ratée, elles n’auraient jamais su qu’elles venaient de réussir un dessert culte.

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      Les échecs peuvent donc être des accidents heureux. Mais la psychanalyse nous révèle aussi le contraire : certains succès sont des échecs. C’est le cas lorsqu’ils s’accompagnent d’une infidélité à nous-même que nous finirons par payer au prix fort par une dépression ou un burn-out par exemple. C’est ce que nous apprend l’exemple de Pierre Rey, directeur de journaux et auteur de best-sellers. Quand, au sommet de la gloire il tombe dans une dépression sévère, il commence une psychanalyse qui lui révèle que ses succès l’ont éloigné de son désir profond : celui de produire un vrai livre. Pas des romans de plage comme il en produisait régulièrement, mais un livre qui ajoute à l’édifice de la sagesse humaine, qui aide le lecteur à vivre. Dans ce cas, la dépression a donc eu comme fonction de lui montrer son désir trahi.

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      On repère ici un excès de la vision anglo-saxonne de l’échec qui prétend pouvoir surmonter n’importe quel échec à force de volonté. C’est une folie de dire « quand on veut, on peut ». Il arrive même que l’échec arrive parce que nous avons trop voulu et pas assez questionné ce à quoi nous aspirions vraiment. « Réussir sa vie, ce n’est pas vouloir à tout prix, c’est vouloir, oui, mais dans la fidélité à son désir ».

      Chapitre 9 : Rater, ce n’est pas être un raté – pourquoi l’échec fait-il si mal ?

      Pour mieux vivre l’échec, il faut d’abord mieux le définir. L’échec n’est jamais celui de notre personne, il est celui d’une rencontre entre un de nos projets et son environnement à l’instant t. Evidemment, il faut chercher à comprendre pourquoi cette rencontre s’est mal passée : en avance sur notre temps, dans la mauvaise région… ? Quels étaient les défauts de notre projet ?

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      L’échec est bien le « nôtre », mais n’est pas celui de notre « moi ». Nous devons l’assumer, mais sans nous identifier à lui.

      Chapitre 10 : Oser, c’est oser l’échec.

      À l’origine de toutes les belles réussites, on trouve une prise de risque, et donc, une acceptation de la possibilité de l’échec. Oser, c’est donc d’abord oser l’échec.

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      L’angoisse que nous éprouvons au moment de faire un choix est normale puisqu’elle nous montre le pouvoir que nous avons sur le monde. Lorsque nous n’avons plus aucune possibilité d’action, ce n’est pas angoissés que nous sommes, mais désespérés. Ce qui nous effraie ou nous angoisse au moment de choisir, c’est notre liberté en vérité. Il nous faut donc un miminum d’audace pour oser agir. Cette audace ne nous libère pas de la peur, mais elle nous donne la force d’agir malgré elle !

      \( \\ \)

      Charles Pépin a rencontré à de nombreuses reprises des jeunes cadres qui ont réussi leurs études brillamment, ont décroché un excellent job, et font carrière depuis une dizaine d’année sans heurt majeur. Ces jeunes gens ont la quarantaine, gagnent bien leur vie mais ont le sentiment de rater quelque chose dans leur vie. Dans leur discours, un terme récurrent: le process. Il semblerait qu’en dehors des résultats, ces cadres soient évalués sur la façon d’y parvenir, autrement dit, sur le respect des procédures. À l’ère du triomphe des process, la créativité est un vilain défaut et l’échec, une preuve d’incompétence (bien qu’il y ait des exceptions). À entendre tous ces cadres confesser leur désarroi, leur sentiment d’inutilité, à les voir si tristes, on mesure combien la vie qui ne se risque pas, s’étiole à petit feu. Certains d’entre eux considéreront leur job comme un gagne-pain et trouveront leur bonheur dans une autre voie, certains d’entre eux plaqueront tout pour devenir des indépendants et d’autres sombreront dans la déprime ou le burn-out. Ils ne s’effondrent pas parce qu’ils travaillent trop, mais parce qu’ils travaillent coupés d’eux-mêmes ou de leur talent propre, de leur possibilité d’expression. Si leur métier leur permettait de s’accomplir, ils pourraient travailler plus encore sans faire de burn-out.

      \( \\ \)

      « Voilà la vraie menace : à force de ne pas oser échouer, échouer tout simplement à vivre ». Au fond, il faut réussir à échouer. Même pas pour en tirer des leçons. Juste pour avoir la preuve que nous sommes capables de sortir de notre zone de confort et pour découvrir que la vie a plus de goût ainsi.

      Chapitre 11 : Comment apprendre à oser ?

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      Il y a quatre axes pour apprendre à oser :

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      1. Accroitre sa compétence
      2. Admirer l’audace des autres
      3. N’être pas trop perfectionniste
      4. Se souvenir que l’échec sans audace fait particulièrement mal

      \( \\ \)

      Lorsqu’un sportif s’autorise un coup de maître, c’est parce qu’il a appris une quantité de gestes simples. Il faut répéter et répéter encore pour s’autoriser à sortir de la répétition.

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      La première condition de l’audace est en effet d’avoir de l’expérience, accroitre sa compétence, maitriser sa zone de confort pour oser faire le pas de plus.

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      Celui qui n’a qu’une petite expérience, n’osera pas beaucoup. Celui qui a une grande expérience ne peut malgré tout s’y référer entièrement, il est aussi obligé d’écouter son intuition. L’audace est donc un résultat : on ne nait pas audacieux, on le devient. Il faut être compétent pour dépasser sa compétence et se découvrir capable d’audace.

      \( \\ \)

      Oser s’apprend aussi en regardant l’audace des autres. Elle nous rassure en nous prouvant qu’il est possible de devenir soi. Les grands audacieux sont de grands admirateurs. Ils admirent chez l’autre sa singularité et ne la copient pas mais s’en inspirent. Nous pouvons redouter à ce titre de vivre une époque dans laquelle les télé-réalités mettent en avant des personnages sans talent ni charisme qui deviennent des références pour nos jeunes. C’est notre propre audace, notre propre créativité que nous menaçons en n’ayant plus personne à admirer.

      \( \\ \)

      Mais pour réussir à oser, il ne faut pas être trop perfectionniste. Combien d’entre nous sont restés paralysés à l’idée de faire quelque chose de nouveau, de sortir de leur zone de confort ? Il faudrait leur dire que l’action (et seule l’action) libère de la peur. Alors que le perfectionniste se cache derrière l’idée qu’il faut tout savoir pour se lancer, l’audacieux osera faire fi de certaines de ses connaissances pour oser.

      \( \\ \)

      Pour libérer noter capacité d’audace, il faut enfin se rappeler en toute occasion cette évidence : les échecs rencontrés sans avoir rien osé sont encore plus difficile à vivre. Qui ne s’est jamais retrouvé une soirée entière sans oser aborder une personne attirante ? Cette personne partie, l’échec avéré, nous constatons que nous aurions préféré, quitte à échouer, avoir au moins essayé.

      Chapitre 12 : L’échec de l’école ?

      On retrouve derrière ce chapitre 4 invariants :

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      1: l’école n’encourage pas assez la singularité
      2: les élèves sont invités à travailler leurs faiblesses plutôt que leurs forces.
      3: l’entreprise est souvent méconnue des enseignants
      4: l’école ne parvient pas à valoriser des savoirs utiles

      \( \\ \)

      Premièrement, notre école n’encourage pas la singularité. Les élèves sont rarement félicités pour leur manière de se tromper. Il faudrait pourtant souligner l’originalité de leur erreur, ce serait une manière de comprendre qu’il n’est pas déshonorant de se tromper. L’enseignant devrait prendre plus de temps pour s’arrêter sur l’échec. Au lieu de cela, il a souvent tendance à passer en vitesse à la suite du cours, comme si l’échec était honteux. Il nous faudrait également valoriser ce qui est su au lieu de se focaliser sur ce que l’élève ne sait pas. Si on se tourne vers d’autres systèmes scolaires, on sera étonnés de voir à quel point ils sont différents : les finlandais ont jusqu’à l’âge de 9 ans pour apprendre à lire. Ils ne reçoivent aucune note avant l’âge de 11 ans. A partir de l’âge de 13 ans, ils construisent leur cursus en choisissant jusqu’à 6 matières optionnelles. A 16 ans, ils composent entièrement leur programme… Là où l’enseignant français voit un exercice raté, l’enseignant finlandais voit une indication pour orienter l’élève vers le lieu d’expression de son talent.

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      Deuxièmement, dans nos écoles, les élèves sont invités à travailler leurs faiblesses plutôt que leurs forces. On a tendance à se focaliser sur l’échec et à tout faire pour que l’élève soit appliqué et dans la norme ; pour qu’il gomme tous ses échecs. Les élèves assez bons partout sont préférés aux élèves excellents dans certaines branches et faibles ailleurs. Alors, tout naturellement se pose la question suivante : que faut-il pour réussir son existence ? Ne pas avoir de points faibles ou avoir des points forts ? Etre moyen en appliquant des méthodes partout sans se tromper ou assumer sa singularité jusque dans ses forces et ses faiblesses ?

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      Troisièmement, les enseignants n’ont plus aucun contact avec les entreprises. La réalité de terrain de l’avenir du jeune est donc méconnue de ses enseignants. Aux Etats-Unis, les grands chefs d’entreprise viennent à la rencontre des jeunes lycéens pour leur insuffler l’audace nécessaire à prendre leur vie en main en devenant indépendant. Certaines tentatives sont faites en France, mais les entrepreneurs remarquent que la peur d’échouer reste le frein principal de notre jeunesse.

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      Quatrièmement ; nous ne savons pas valoriser les savoirs utiles. Il faudrait partir de ce que les élèves pourront faire de leurs connaissances pour les y intéresser. La question essentielle n’est pas que sais-je, mais que vais-je faire de ce que je sais ? « Dans une vision audacieuse de l’existence, le savoir doit être présenté comme ce qui aspire à être dépassé ; les connaissances comme ce qui délimite une zone de confort dont il faudra sortir ».

      Chapitre 13 : réussir ses succès

      S’il nous faut utiliser nos échecs, il nous faut également apprendre à nous méfier de nos succès pour ne pas nous y complaire et nous y identifier de façon excessive. S’il est désastreux de se définir par ses échecs, il peut être dramatique de se réduire à ses succès. Le secret des grands sportifs est qu’ils regardent leurs succès comme nous devrions aborder nos échecs : en continuant à chercher, à s’interroger. Ils ne se laissent jamais enfermer dans une idée ou une image d’eux-mêmes.
      Pour ne pas perdre la tête dans l’ivresse du succès, il ne faut jamais perdre de vue que la seule réussite qui compte est celle de notre aventure humaine et que le véritable enjeu est celui d’être à la hauteur de cette humanité, dans le succès comme dans l’échec.

      Chapitre 14 : La joie du combattant

      La joie du combattant

      Nous savons tous que les victoires faciles apportent moins de satisfaction, moins de bonheur que les victoires obtenues après de vrais efforts. C’est flagrant dans le témoignage d’André Agassi qui, après avoir dominé le tennis mondial dans les années 90 a connu un terrible passage à vide, une longue descente aux enfers dans la drogue et la dépression. Cette dépression peut d’ailleurs être vue comme une infidélité à lui-même (cfr chapitre 7) puisqu’il confessera avoir été entrainé par un père obsessionnel qui ne lui a rien fait connaitre d’autre que le monde du tennis. Il lui faudra un événement tragique (la fille de son meilleur ami qui se fait renverser par une voiture) pour comprendre que la vie est faite pour donner de l’amour aux êtres qui comptent. La fille de son meilleur ami se remettra et André Agassi se remettra au tennis mais avec cette fois un but : créer une fondation pour enfants défavorisés. En Juin 1999, quand, après des mois d’entrainement intensif pour revenir au niveau, il remporte Roland Garros, sa joie est immense. Incommensurable à toutes ses autres victoires. C’est parce qu’il revient de loin que sa joie est si grande. Elle comporte toutes les étapes de sa vie, belles et douloureuses, tous ses choix, bons et mauvais et tous ses échecs. Ce sont ses échecs qui contribueront finalement à la profondeur de sa joie…

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      La joie de vivre

      Lorsqu’on a gouté les épreuves, on connait le goût des plaisirs simples. Tant de patrons, n’ayant jamais connu l’échec vivent dans le stress et la crainte (peur d’échouer), devenant odieux avec leurs collaborateurs. A contrario, les entrepreneurs ayant déjà connu des échecs sévères ont été forcés de relativiser et deviennent donc des décideurs plus sereins.

      La joie dans l’adversité

      Il s’agit de l’enthousiasme que certains continuent à montrer malgré les échecs.

      La joie du « progrediens »

      Il s’agit d’un terme utilisé par les philosophes antiques pour désigner un homme qui, n’étant pas encore arrivé à la perfection, s’améliore chaque jour. On peut prendre l’exemple de J.K.Rowling (auteure d’Harry Potter), qui, étant dans une situation financière précaire, trouve la force de travailler et dès lors, la joie de s’améliorer chaque jour à progresser dans son job d’écrivain.

      La joie mystique

      Il faut savoir abandonner ce qui nous rend superficiellement heureux pour toucher à l’essentiel. La difficulté de la vie peut nous conduire à cet abandon et nous offrir cette rencontre avec l’essentiel. L’échec le plus radical amène alors la réussite la plus totale.

      Chapitre 15 : l’Homme, cet animal qui rate

      Aucun animal n’échoue à construire son nid, il agit d’instinct. Un Homme en pleine forêt aura grande peine à construire un abri. « Ce qui se constate au niveau de l’espèce se constate également sur le plan individuel : plus nous échouons, plus nous apprenons et découvrons. Parce que nos instincts naturels ne sont pas suffisamment forts pour nous dicter notre comportement, nous procédons par essais successifs, développons des raisonnements et des savoir-faire, inventons, progressons. Les choses sont moins simples pour le petit humain que pour tout autre jeune animal, mais cette difficulté nous élève au-dessus d’eux. Moins déterminés par notre code naturel, nous rencontrons plus d’obstacles mais, en les franchissant, nous allons plus loin que s’ils n’avaient pas existé. »

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      « Chaque fois que nous doutons de la vertu de nos échecs, que nous nous sentons blessés ou amoindris, nous devrions nous souvenir de ce qui fait notre humanité : nous nous distinguons des bêtes parce que nous savons faire une force de nos échecs. De tous nos échecs. »

      \( \\ \)

      Enfin, nous sommes des êtres de désir. Les autres animaux, n’ont que des besoins, une fois ceux-ci comblés, ils n’ont plus besoin de rien. Il n’en va pas de même pour nous, quand nos besoins primaires sont satisfaits, nous voulons combler des désirs. À peine en avons-nous satisfait un qu’un autre lui succède : nos désirs sont insatiables. Désirer, c’est désirer l’impossible. Et c’est heureux, parce que, si nous pouvions satisfaire ce désir, notre quête prendrait fin et notre créativité s’épuiserait. Nous serions sereins, mais sans ce manque qui nous rend si actifs, si vivants.

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      « La différence homme-animal réside peut-être là. Les animaux ne consacrent pas leur vie à la poursuite d’un impossible. Nous, si. C’est même ce qui fait le sel de notre existence. »

      Chapitre 16 : Notre capacité de rebond est-elle illimitée ?

      Dans ce livre, deux conceptions de l’échec s’opposent :

      \( \\ \)

      1. Si l’échec est vu comme une chance de rebondir et de se réinventer, nous sommes dans une logique du « devenir ». C’est une vision existentialiste (Sartre) : il faut, en cas d’échec, se demander ce que nous pourrions devenir.
      2. Si l’échec est vu comme un acte manqué révélant la force d’un désir inconscient, nous sommes dans la logique de « l’être ». C’est une vision psychanalytique (Freud et Lacan) : il faut, en cas d’échec, se demander qui nous sommes, quel est notre désir profond.

      \( \\ \)

      Face à cette opposition, 3 attitudes sont possibles :

      1. Choisir son camp: croire dans une seule des deux visions.
      2. Distinguer les âges de la vie : croire en une vision existentialiste étant jeune et s’interroger sur son désir en vieillissant.
      3. Tenter un déplacement de l’opposition : essayer de se réinventer le plus possible, mais dans le respect de son désir. Utiliser ses échecs pour se rapprocher de son essentiel. Ne pas se laisser enfermer dans des échecs (rebondir), mais sans trahir ce qui compte vraiment pour soi.

      \( \\ \)

      Notre capacité de rebond n’est pas infinie, nous portons en nous l’héritage de nos vies (« nous sommes les enfants de notre enfance »), mais une fois que nous prenons la mesure de cet héritage, nous pouvons encore danser autour de cet axe. « Il faut connaitre le sol pour pouvoir y planter un arbre qui grandisse. Nos échecs peuvent nous aider à connaitre la nature de ce sol. A nous d’en prendre acte, et d’apprendre à danser. »

      Conclusion

      « Le mot « échec » viendrait de l’arabe « al cheikh mat » qui a donné « échec et mat » et signifie «le roi est mort». Ce livre a été écrit pour prouver le contraire : lorsque nous échouons, le roi en nous ne meurt pas. Il se peut même qu’il prenne conscience de sa puissance à cette occasion. » L’échec n’est pas agréable, mais il a l’intérêt d’ouvrir une fenêtre sur le réel, de nous confronter au réel, ce qui nous permet de nous rapprocher de notre désir profond.
      A moins que le mot « échec » ne vienne du vieux français « eschec » qui signifie « butin ». Nos échecs sont en effet des butins. « Il faut prendre le risque de vivre pour les découvrir, et les partager pour en estimer le prix ».

      Critique de « Les vertus de l’échec ».

      Ce livre est difficile à résumer, tant chaque passage nourrit notre bien-être. Chaque passage guérit un peu notre « maladie française » (belge, espagnole, luxembourgeoise…) de la crainte de l’échec. Je conseille ce livre à tous les parents, à tous les enseignants, à tous les dirigeants (en particulier ceux qui rédigent les fameux programmes de l’enseignement !) et tout simplement à tout un chacun. Il fera autant de bien au jeune qui panique tant à l’idée d’être évalué, qu’au parent qui attend tant des notes d’un bulletin, qu’au travailleur qui espère tant un autre métier sans jamais oser en changer… Personnellement, initialement convaincue de la maxime « Quand on veut, on peut », je me réjouis de pouvoir maintenant la transformer en « Quand, dans la fidélité de notre désir, on veut, alors, vraiment on peut ».

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      Si vous n’êtes pas encore convaincus de la nécessité de lire ce livre, sachez qu’il est rempli d’exemples concrets de personnes célèbres, ce qui le rend particulièrement facile et agréable à lire. Par ailleurs, il est structuré en de nombreux chapitres, vous pourrez donc survoler ceux qui vous intéressent moins, mais franchement, je parie qu’il n’y en aura pas beaucoup!

      Bref! Tous chez votre petit libraire du coin ! Votre nouvelle vie peut commencer demain !

      Ce serait sympa de me laisser un commentaire avec votre expérience de l’échec. Le but étant de pouvoir, si vous êtes d’accord, la partager avec mes élèves. Le message passe tellement mieux quand il est donné sous la forme d’une expérience vécue! Si vous n’avez pas le temps mais que ce livre vous intéresse, laissez un pouce bleu au bas de l’écran, merci!

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      Filez acheter ce livre, lisez-le et venez partager votre enthousiasme avec moi. Merci et à bientôt!

      Réussir en s’appuyant sur ses erreurs!

      Dans cet article, je vous propose une synthèse de l’excellent ouvrage de Jean-Pierre Astolfi: « L’erreur, un outil pour enseigner? ».

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      Concrètement, qu’est ce que ce livre, qui semble s’adresser aux professeurs peut bien apporter aux élèves? Et bien, il s’agit ici de comprendre le mode de fonctionnement habituel des profs et celui des élèves et d’en retirer les faiblesses et les bras de leviers afin de mieux fonctionner pour mieux apprendre et forcément, mieux réussir.
      L’enseignant commet la plupart du temps deux erreurs fondamentales :

      1. Celle de croire que le simple fait de transmettre ses connaissances donne à l’élève des idées aussi claires que les siennes.

      2. Faire tout ce qui est en son pouvoir pour que ses élèves ne commettent pas d’erreur.

      Quand nous enseignons, nous avons tellement trituré la matière dans tous les sens que nous avons les idées claires et que les choses nous semblent faciles. La tentation est d’ailleurs grande de dire à l’élève que l’on accompagne : « Regarde, je vais t’expliquer, tu vas voir, c’est facile »… Même si l’explication est claire et que l’élève la comprend  en effet « en direct », cela ne signifie par pour autant qu’il va l’intégrer à long ou moyen terme.

      Jean-Pierre Astolfi utilise une métaphore intéressante : L’enseignant ressemble à un randonneur avéré en montagne qui accompagne un promeneur néophyte, son élève. Si le guide, à chaque danger des chemins en montagne, dit à son compagnon de route l’orientation qu’il doit prendre, alors, le randonneur arrivera à bon port sans encombre et rapidement ; mais par contre, il sera bien en peine de refaire le chemin seul le lendemain et n’envisageons pas la possibilité de rejoindre la destination par un autre chemin ! En termes scolaires, ne demandons pas à un élève de refaire seul un raisonnement qui a été guidé étape après étape, et n’envisageons pas de lui demander un raisonnement similaire mais différent (les fameuses questions de transposition qui terrorisent nos élèves) ! À ce jeu-là, tout le monde est perdant, l’élève stresse parce qu’il n’obtient pas de bons résultats et le prof déprime parce qu’alors qu’il a revu son cours 5 fois (des heures de travail…), le taux de réussite de ses élèves n’est toujours pas suffisant (c’est du vécu…).

      Au lieu de considérer la croisée des chemins, on pourrait également considérer des obstacles. Pour un réel apprentissage, est-il préférable que le guide annonce clairement l’obstacle qui jalonnera tel chemin ou vaut-il mieux qu’il accompagne son apprenti-randonneur dans ce chemin “dangereux” et qu’il l’aide à franchir ledit obstacle ou à se poser et envisager un autre chemin? En termes scolaires, les obstacles peuvent être un manque de connaissances (les fameux outils mathématiques auxquels on fait sans cesse appel en physique) ou bien, plus compliqué encore, une forme de connaissances bien (mal) installées depuis des années mais qui sont fausses et qui prennent la place de nouvelles connaissances! (Les fameuses idées préconçues, dont la plus grande en physique est probablement celle de croire qu’un corps ne peut pas avancer s’il n’est soumis à aucune force … merci les forces de frottement…).

      La difficulté est qu’un obstacle émergeant vient d’autres obstacles qui ne sont pas visibles mais qui sont tout aussi ancrés dans les représentations des élèves.L’obstacle est alors un tissu d’erreurs construites, tenaces et solidaires qu’il est bien compliqué de détricoter.

      De par sa nature, on ne peut reconnaitre un obstacle que lorsqu’on l’a dépassé et que le problème est donc résolu. Dès qu’une matière est enfin maitrisée, on peut regarder ce sur quoi on trébuchait et se dire (avec bienveillance) que c’était une toute petite chose qui parait bien dérisoire une fois qu’elle a été comprise. Il est également important de réaliser que l’erreur est un signe irréfutable d’une pensée qui est en train de se construire. Le cerveau doit passer par l’erreur pour apprendre, l’apprentissage met en jeu des représentations préalables et des compétences actuelles pour s’efforcer de construire du neuf.

      Les erreurs sont de plusieurs types:

      1. Les erreurs de lecture de consignes.

      Il est plus facile de comprendre les consignes liées à une question quand on connait la réponse à la question. Dès lors, il est souvent compliqué pour l’enseignant de comprendre ce que l’élève ne comprend pas dans la question posée. Remarquons, qu’une fois encore, l’école travaille en sens inverse par rapport à tous les autres milieux professionnels. En effet, dans les entreprises, c’est le novice qui vient poser une question à l’expert et pas l’inverse.

      Outre cette insolite direction du questionnement, les verbes d’actions repris dans les questions restent troubles dans les esprits des élèves. Que veut vraiment dire: analyser, indiquer, expliquer, interpréter, conclure…? Ajoutons encore à ces difficultés le fait que chaque professeur utilise un vocabulaire de spécialiste qui n’est pas toujours maitrisé par l’élève et qui, plus embêtant encore, peut être utilisé dans la vie courante avec une signification différente! Il y a de quoi semer le trouble dans l’esprit des élèves. Pourquoi diable n’a-t-on pas choisi de dire dans le langage courant: “Je masse 60 kilogrammes”, au lieu de dire “je pèse 60 kilos”!!!! L’inévitable confusion entre les notions de masse et de poids serait balayée! Dans le même ordre d’idée, pourquoi dit-on “kilomètreheure” (qui devrait s’écrire kmh) et pas kilomètre par heure (qui s’écrit bien km/h). La confusion entre le kilowattheure et l’imaginaire kilowatt par heure n’existerait pas!

      Dieu que la vie d’un étudiant est compliquée! Il lui faut sans cesse recadrer le langage en fonction du cours qu’il est en train de suivre. Ainsi, il devra faire la différence entre une fonction affine (en math), une fonction digestive (en bio) et une fonction grammaticale (en français). Ou encore, il devra recadrer le pronom réfléchi, le rayon réfléchi et l’élève réfléchi. Les écarts dans les usages disciplinaires des mots sont normaux, mais, plus encore quand il s’agit de termes utilisés dans le langage courant, ils interfèrent constamment avec la compréhension de l’énoncé. D’ailleurs, en parlant d’interférences, les ondes aussi interfèrent, mais c’est une autre histoire…

      Conseil: Dégagez les étapes à suivre pour répondre à la question posée et les caractéristiques attendues au niveau de la production. Pour ce faire, faites vos interrogations avec sérieux et demandez au prof ce qu’il attendait là où vous avez échoué.

       

      2. Les erreurs liées aux habitudes scolaires et aux mauvais décodages.

      L’élève sait plus ou moins ce que l’enseignant attend de lui; il reconnaît le style des questions. Dès lors, il s’arrange pour arriver à la bonne réponse sans vraiment qu’aucun apprentissage ne soit mis en place. Il retient des recettes toutes faites sans en comprendre le sens et sans en connaître le domaine d’application. Par exemple, en physique, l’élève retient par cœur le raisonnement à suivre pour étudier le glissement d’une masse sur un plan incliné et dès lors que la situation change (le bloc est maintenant posé sur un camion qui freine), il peine à retrouver le sens des forces appliquées.

      Conseil: Posez-vous un maximum de questions sur le pourquoi des choses? Pourquoi la force de frottement agit-elle dans ce sens? Pourquoi appelle-t-on une force de contact une force normale? Que signifie cet adjectif?

      Une autre bonne idée est de travailler avec d’autres élèves et d’essayer de décoder ensemble des schémas nouveaux sur le sujet (en faisant des recherches sur internet par exemple).

      3. Les erreurs liées aux démarches.

      Il n’est pas rare qu’un élève utilise, pour résoudre un exercice, une démarche qui n’a jamais été enseignée en classe. En soi, c’est plutôt positif, sauf si l’élève n’indique pas suffisamment son raisonnement et que le professeur ne le comprend pas.

      Conseil: en cours d’évaluation écrite, un professeur ne voit de vous que ce que vous avez bien voulu noter sur votre feuille. Si vous voulez être certain d’être compris, utilisez un développement clair et structuré.

      4. La surcharge cognitive

      On distingue la mémoire à court terme de celle à long terme. La mémoire à court terme (dite de travail) entre vite en interférence avec le monde extérieur, c’est celle qui nous permet de retenir quelques secondes un numéro de téléphone que l’on vient de lire dans l’annuaire pour le composer sur son téléphone. La mémoire à long terme est celle qui nous permet de retenir des informations définitivement et c’est sur celle-là que l’enseignement semble se centrer. Pourtant, en cours de résolution d’un exercice, c’est bien sûr la mémoire à court terme qui nous permet de retenir toutes les informations données dans un énoncé pour mobiliser les connaissances adéquates. Dès lors, quand un exercice est complexe, la mémoire de travail est vite surchargée et l’élève oublie l’un ou l’autre élément dans la résolution de l’exercice. Heureusement, notre mémoire n’est pas linéaire mais elle travaille en réseau. Dès lors, au lieu de voir toutes les matières comme des contenus de plus à additionner aux précédents, il faudrait toujours s’efforcer, en fin de chaque chapitre, de construire un schéma sémantique qui aiderait à trouver l’essence de la matière, le noyau grâce auquel les connaissances antérieures seraient reconstruites au lieu de simplement en rajouter une couche.

      Conseil: A la fin de chaque chapitre, essayez de construire un schéma basique qui reprend toutes les notions fondamentales enseignées (sur lesquelles se base la résolution des exercices) afin de dégager les notions essentielles que vous pourrez relier aux notions antérieures afin de consolider vos connaissances.

      5. Les transferts entre disciplines

      Bien des fois, le prof secoue l’élève parce qu’il ne réinvestit pas en physique ce qu’il a appris en mathématiques. Or, le transfert n’est pas naturel chez l’humain qui se laisse plus vite imprégner des traits de surface que de la structure profonde d’un exercice. Dès lors, il est important de s’exercer au transfert en cherchant à trouver des points communs entre les différents exercices, en essayant de les décortiquer pour en retirer l’essence, le squelette.

      Conseil: quand tu révises un chapitre, avant de te lancer dans la répétition de la résolution d’exercices, essaie d’abord de voir quel est le point commun entre tous les exercices. Mieux encore, est-ce que ces exercices font appel à des connaissances issues d’autres cours? C’est important de se poser la question.

      CONCLUSION

      Quand tu reçois une interrogation corrigée, au lieu de te concentrer sur ta cote ou de recopier en vitesse les bonnes réponses du voisin, vois tes erreurs comme des cadeaux! Essaie de comprendre où tu t’es trompé, ce qui t’a bloqué dans la résolution de ton exercice (à la lumière de tous les points qui précèdent). Achète un cahier à spirales et prends note dans ce dernier, non pas de tes erreurs, mais bien du type d’erreurs que tu commets. Demande éventuellement l’aide de ton prof pour y parvenir. Ce cahier, c’est une incroyable possibilité d’apprendre à apprendre! Et le matin d’un examen, au lieu de relire tout le cours, de perdre du temps et de faire monter le stress, contente-toi de relire tes notes, pour le reste, FAIS-TOI CONFIANCE!

       


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