Mon histoire

Quand j’étais en primaire, il était question de me faire doubler une année parce que je n’avais pas suffisamment de maturité. J’ai eu mille difficultés à apprendre à lire et à calculer. J’ai eu autant de 4/10 que de tests de calculs rapides, j’ai été incapable de lire la température sur un thermomètre placé sur le balcon de la salle de classe, j’ai appris à maitriser les tables de multiplication quand je les ai fait réviser à ma fille (il n’y a pas si longtemps) et pourtant …. j’ai réussi un doctorat en physique….

Mes classes de maternelle.

Nous sommes au début des années 80, un conseiller en pédagogie vient nous observer en dernière classe de maternelle pour confirmer si, oui ou non, nous sommes capables d’entrer en primaire, c’est un grand jour pour nous tous ! Malheureusement, il semblerait que le fait que je sois née en fin d’année civile joue en ma défaveur et le conseiller s’inquiète un peu de mon niveau de maturité. Première grande déception ! Et première perte de confiance probablement. Elle sera toutefois plus ou moins balayée par mon institutrice, qui, sur base de son expérience décide de me laisser poursuivre.

Mes classes de primaire.

Le début de mes primaires, je n’en n’ai pas de souvenir précis, mais par contre, les premières images qui me viennent à l’esprit quand je repense à ces six années, sont celles des contrôles durant lesquels j’essaie tant bien que mal de tricher sur ma voisine qui dresse alors un classeur entre nous deux. Qu’à cela ne tienne, je peux encore espérer piocher une réponse ou l’autre à travers le trou percé au bas de ce mur improvisé ! … C’est sans compter sur la perspicacité de mon amie de classe qui dresse alors son plumier contre cette mini-lucarne, nous renvoyant, mon angoisse et moi-même, seules face à notre copie…
Ces années-là, c’est aussi le souvenir des évaluations de calcul rapide. Le principe est très simple, l’institutrice énonce à un rythme cadencé 10 multiplications qu’il nous faut résoudre dans un temps record. Mon meilleur score ? 4/10 ! Je crois encore me souvenir que ces tests se faisaient le mardi matin. En tout cas, je visualise franchement la place que j’occupais dans la salle de cours.
Les calculs sont trop abstraits pour moi, me direz-vous, il me faut plus de concret ? Que dire alors du relevé des températures sur le thermomètre perché sur le balcon de notre classe ? Il nous faut relever la température quotidiennement et dresser un graphique de son évolution au fur et à mesure de la semaine. Chaque jour, c’est un nouvel élève qui est choisi. C’est très simple, et tout le monde semble adorer cette activité ! Tout le monde … sauf moi … je suis tétanisée devant ce fichu thermomètre et me retrouve incapable de réaliser un relevé fiable…
Je devais sûrement avoir un potentiel artistique ? Mais alors, n’aurait-il pas dû ressortir dans le cadre de l’évaluation de la propreté de nos cours et de leurs illustrations ? Parce qu’à ce jeu-là aussi je caracolais en queue de peloton… Autant vous dire que la confiance en soi n’était pas au rendez-vous!
Vous trouvez que c’est exagéré, si je dis que, pour moi, l’école primaire c’était l’enfer ? C’est l’impression que j’en garde en tout cas.

Mes classes dans le secondaire et …à l’université!

Fin des années 80, je fais ma grande entrée dans le secondaire. Je suis, pour la plupart, avec les mêmes élèves qu’à l’école primaire. Catastrophe me direz-vous ? Eh bien, non ! À partir de ma première secondaire, je fais toujours partie d’une extrémité du peloton, mais cette fois je suis en tête ! Toutes les matières me réussissent plutôt bien, mais j’ai un petit faible pour le cours de mathématiques. Il est pourtant donné par un professeur super exigeant, très impressionnant et, avouons-le un peu borderline point de vue pratiques pédagogiques. Je suis par contre toujours hyper introvertie et n’ose même pas me moucher en classe devant mes congénères ! J’attends la récréation et la sécurité des toilettes pour cela…
Mais petit à petit, je prends confiance. À un point tel que je décide de m’inscrire à l’université pour y étudier la physique et, en dehors d’une première année réussie de justesse (parce que je passe un peu trop de temps à faire la fête), je m’en sors plutôt pas trop mal ! Suffisamment en tout cas pour que mon promoteur de mémoire me propose de faire une thèse de doctorat dans son laboratoire. Cerise sur le gâteau, cette thèse me permettra de passer 5 mois en Australie pour y travailler dans un centre de recherches afin d’enrichir ma thèse ! Le pied !

Retour à l’école.

Parvenue à la fin de mon doctorat, il me faut prendre une décision : m’installer à proximité des villes pour travailler dans le privé ou rentrer dans ma région natale et avoir moins d’ambition professionnelle ? C’est le hasard qui me poussera à faire le second choix puisque ma professeure responsable de l’agrégation (dans la foulée, j’ai réussi une agrégation de l’enseignement secondaire supérieur, la même année que ma dernière année de Master) vient me trouver pour me dire que mon professeur de physique du secondaire (celui qui m’a donné le goût pour cette matière) prend sa pension et libère donc un temps plein dans une excellente école de ma région.
C’est ainsi que je suis devenue enseignante. Je pratique ce métier avec beaucoup de plaisir depuis maintenant plus de 10 ans. Si dans les premières années, c’est uniquement la passion de la physique que j’ai essayé d’inculquer à mes élèves, avec l’âge (la vieillesse ou la sagesse), j’en viens également à me poser beaucoup de questions quant à leur motivation (ou à leurs échecs). Il faut dire qu’avec mes collègues de mathématique, on est champions pour les couler, nos petits élèves! Apparemment, chez beaucoup de jeunes, la physique et les maths sont assimilées à des créatures cauchemardesques. C’est triste mais cohérent, les deux matières sont intimement liées; faire de la physique, ce n’est jamais que faire parler les outils mathématiques !
Je suis convaincue que la plupart de ces échecs sont en (grande) partie liés à un manque de confiance. Ce que je ne vous ai pas dit, c’est que, si je ne sais pas précisément attribuer un événement charnière qui m’a permis de passer de « celle qui ne sait rien faire » à «celle qui s’en sort franchement bien», une remarque que mon institutrice primaire avait inscrite sur mon bulletin en fin de degré m’est souvent revenue à l’esprit : « Tu vois qu’avoir confiance en soi donne de bons résultats »… Serait-ce juste une question de confiance ?

Mon histoire m’amène naturellement à réfléchir aux points suivants :

Comment redonner confiance aux élèves qui l’ont perdue ?
Que puis-je faire concrètement pour les aider à travailler, quel que soit le domaine ?
Et plus précisément, comment les aider à réussir un cours de physique ?
C’est pour répondre à ces questions que ce blog a vu le jour. Si vous aussi, vous avez vécu une situation semblable ou si vous avez de belles lectures à me proposer, n’hésitez pas à me laisser un petit message dans l’onglet « CONTACT » ! Merci !

Partager l'article: